Au Burkina Faso, l’alimentation scolaire apparait au rang des questions majeures de développement et plus spécifiquement en lien avec la protection sociale et le droit à l’alimentation. Si les premières cantines scolaires sont apparues dès 1960 dans le cadre des initiatives portées par les organisations internationales et humanitaires (PAM, CRS, etc…), l’Etat a tôt fait de se positionner comme l’un des principaux acteurs qui promeuvent cet instrument.
En dépit des efforts consentis par l’État et ses partenaires, la gestion des cantines scolaires au Burkina Faso était compliquée en raison de sa centralisation, de la lourdeur des procédures d’acquisition, de transport et de stockage des vivres etc... Pour répondre à ces problématiques, l’Etat a impulsé une nouvelle dynamique dans le domaine de l’alimentation scolaire, notamment à travers la prise d’un arrêté en 2016 qui a délégué la gestion des services de cantine aux collectivités territoriales. À travers cette décentralisation, les pouvoirs publics voulaient améliorer le système éducatif du pays mais aussi responsabiliser les communautés locales pour impulser un développement à la base.
Dans le cadre de ce transfert des compétences, recommandation a été faite aux collectivités territoriales de s’approvisionner en produits locaux prioritairement auprès des organisations de producteurs (OP). Cette recommandation est basée sur la volonté manifeste de l’Etat burkinabé de promouvoir le consommer local, mais également sur les expériences satisfaisantes du ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (MENA) avec les OP en matière d’approvisionnement des cantines scolaires.
Conformément à sa mission de défense des intérêts des producteurs et productrices agricoles du Burkina, la CPF a initié différentes actions dans le but d’améliorer la participation des OP à l’approvisionnement des cantines scolaires et plus largement aux marchés institutionnels alimentaires.
En effet depuis 2020, la CPF pilote à l’échelle du Burkina la dynamique régionale « Animation-Pays » mise en place par le CFSI et la Fondation de France dans le cadre du programme Pafao . Cette dynamique est développée dans quatre pays de la région à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal, et vise à contribuer à une meilleure appropriation par les organisations (membres ou non) du « réseau Pafao », des enjeux et actions en faveur du « Consommer local » plutôt que le « Manger importer » ; et au renforcement des réseaux actifs en Afrique de l'Ouest dans leur action en faveur du "Consommer local" comme moyen de réalisation du droit à l'alimentation. Différentes initiatives sont développées dans le cadre de ce dispositif. Il s’agit entre autres de l’élaboration d’une synthèse sur l’état des lieux de l’alimentation scolaire dans les pays couverts par le dispositif, la conduite de processus de capitalisation des expériences des acteurs, l’organisation des rencontres (nationales et régionales) d’échanges et de plaidoyers en vue de l’amélioration de l’approvisionnement des cantines scolaires en circuits courts, etc…
Avec l’appui de l’Inter-réseaux, la CPF a organisé en Août 2021, une rencontre de travail des acteurs burkinabé membres du groupe « animation-pays » à Ouagadougou. Cet atelier a permis aux participants de s’informer sur les activités développées dans le cadre du dispositif, tant au niveau national qu’à l’échelle régionale ; de partager leurs expériences en matière d’alimentation scolaire avec un focus sur la participation des OP à l’approvisionnement des cantines ; et aussi d’analyser les freins et les opportunités en lien avec cette implication des OP dans les marchés pour l’approvisionnement des cantines au Burkina Faso.
À l’issue de cette rencontre, l’une des principales recommandations formulées par les acteurs présents porte sur l’importance d’initier un processus de réflexion et de planification des actions de plaidoyer à l’endroit des acteurs décisionnaires (Etats, PTF) en vue du renforcement de la participation des OP à l’approvisionnement des cantines scolaires. Plus spécifiquement, les participants ont suggéré qu’un tel processus soit mis en route à partir de l’organisation d’un atelier national (regroupant les acteurs présents aussi bien à Ouaga qu’en dehors, et qui sont impliqués ou qui portent des dynamiques en lien avec le sujet) qui servira de cadre pour structurer les réflexions. L’organisation de cet atelier de réflexion sur les modalités de pérennisation et de mise a l’échelle des acquis en matière d’approvisionnement des cantines scolaires en circuits courts avec les op au Burkina Faso vient ainsi répondre à cette recommandation.