Projet Mobilité Pastorale transfrontalière apaisé et Stabilité sociale au Sahel (MOPSS)

Objectifs du Projet

Le programme « Mobilité pastorale transfrontalière apaisée et stabilité sociale au Sahel » a pour objectif global de contribuer au renforcement de la résilience des populations agro-pastorales et à la stabilité sociale au Sahel.

Pour y parvenir, trois axes de travail inter-reliés et multi-échelles (régional, national, local) sont mis en œuvre pour la réalisation des objectifs spécifiques suivants :

  • Renforcer la gouvernance organisationnelle, notamment dans ses dimensions de redevabilité et de crédibilité, du RBM et l'APESS,
  • Rendre l'environnement politique et juridique plus favorable aux spécificités du pastoralisme,
  • Soutenir la viabilité économique et sociale du pastoralisme.

Composantes principales et résultats attendus

Il est envisagé d’atteindre les résultats escomptés (changements attendus) grâce à la réalisation d’une combinaison d’activités, dans le cadre des trois axes du programme.

Les activités du programmes, détaillés dans le tableau au point 3.4.2, porteront sur l’accompagnement par SNV d’un processus de renforcement des capacités des OPR (APESS et RBM) en matière de gouvernance inclusive et redevable, notamment aux niveau national et local,  à travers l’implication des femmes et de jeunes.

Sur des dossiers de l’actualité politique dans la CEDEAO et les pays, les capacités d’analyse et d’influence des OPR seront soutenues à travers (i) la facilitation des processus de concertation par le Hub Rural, impliquant ROPPA ; (ii) des appuis techniques et stratégiques de SNV et de CARE pour la qualité des notes de positionnement et la présentation d’argumentaires par des élus et techniciens.

En faveur de la fonction de coordination et de l’articulation des politiques de la DADR/CEDEAO, le Hub Rural facilitera les travaux de la task force sur l’élevage et le pastoralisme.

Pour renforcer la crédibilité et l’autonomisation des OPR, un appui technique est fourni aux OPR par SNV dans le domaine de la gestion administrative et financière, ainsi qu’en gestion des connaissances.

L’appui du MOPPS dans la fourniture de services aux membres, en collaboration avec des tiers (dont le secteur privé), se réalisera spécifiquement au profit du soutien à la viabilité économique et sociale du pastoralisme dans les espaces transfrontaliers. Il s’agit, entre autres, de la réalisation des investissements structurants par les OPR, sous l’égide des intercommunalités. Ces dernieres permettent de réduire les entraves à la mobilité du bétail et de l’accès aux marchés. Elles soutiennent la productivité des systèmes agro-pastoraux, la transformation et la commercialisation des produits par des hommes, des femmes et des jeunes.

SNV portera également des actions de promotion des services informationnels et des énergies renouvelables. En termes d’innovation, il s’agit de renforcer l’employabilité des jeunes en milieu agro-pastorale, ainsi que les dispositifs d’accès à la justice de proximité. SNV renforcera aussi le rôle des femmes et des jeunes dans la promotion d’une culture de paix et de cohésion sociale. CARE intervient sur cet aspect à travers un backstopping technique.

Zone d’intervention-Groupes cibles

Le groupe cible consiste en des personnes, dont au moins 30% de femmes et 30 % de jeunes de 18 à 35 ans. Ces personnes sont des citoyens et citoyennes des pays d’intervention, des membres des OPR et des ressortissant(es) des communes d’intervention. In fine, ils et elles bénéficient directement ou indirectement des effets du programme. La phase de démarrage déterminera avec précision le nombre de personnes.
Le programme interviendra sur 3 des 10 pays de la stratégie intégrée des Nations Unies au Sahel : Mali, Burkina Faso et Niger, tous des pays sahéliens. Le Bénin et le Togo, pays côtiers, s’y ajoutent, sur la base des défis communs, en rapport avec la mobilité transfrontalière apaisée du bétail. En effet, le Togo et le Bénin accueillent des animaux en transhumance, en provenance du Mali, Burkina Faso et Niger, et sur leurs territoires transitent des animaux en convoyage commercial vers des marchés de bétail nationaux, ou au Nigeria. Pris ensemble, ces cinq pays, tous des États membres de la CEDEAO, constituent un espace interconnecté et interdépendant concernant les ressources, acteurs, marchés, politiques et cadres réglementaires. La prévention et la gestion des conflits liés à la mobilité du bétail y sont à l’ordre de jour. Chaque pays gère la question à sa guise, sans véritable concertation avec les autres. Cette situation d’asymétrie et de non-articulation est une des sources de difficultés. Par exemple, tandis que le Bénin a opté pour des restrictions importantes à la mobilité, le Togo a mis en place des mesures qui atténuent les déclencheurs de tensions. Cet état de fait servira de source d’échanges et d’apprentissage dans le cadre de ce programme.

La mise en œuvre des actions à l’échelle locale se concentrera sur trois espaces transfrontaliers d’intervention :

  • Mali (nord-est) – Burkina Faso (nord) – Niger (nord-ouest) : espace du Liptako Gourma
  • Mali (sud-est) – Burkina Faso (sud-ouest) : espace Kenedougou
  • Burkina Faso (est) – Niger (sud-ouest) – Togo (nord-est) – Bénin (nord) : espace WAPA

Ces espaces transfrontaliers sont très étendus et couvrent de nombreuses collectivités territoriales de part et d’autre des frontières. Par conséquent, les communes d’intervention seront choisies en fonction de critères tels que la présence (i) d’intercommunalités, (ii) de cadres de concertation ou de comités de gestion de la transhumance transfrontalière, (iii) de pistes ou couloirs de transhumance définis par les États, (iv) de projets d’appui, ainsi que (v) l’acuité des conflits.

Les principales caractéristiques de ces espaces sont présentées ci-après.

Sous-espace Liptako Gourma : Mali (nord-est) – Burkina Faso (nord) – Niger (nord-ouest)
D’après un diagnostic sur l’agriculture et l’élevage de la région de Liptako Gourma, l’économie y est peu diversifiée et très majoritairement concentrée sur l’agriculture et l’élevage, activités qui occupent environ 80% de la population de la zone. Le pastoralisme y est prédominant et constitue la principale source de revenus pour les populations et la principale source de recettes des collectivités territoriales à partir des taxes prélevées sur la vente des animaux dans les marchés. La zone représente une manne économique pour les trois pays, tous trois exportateurs d’animaux, vers les pays côtiers. Les effectifs de bovins, ovins et caprins dans cet espace représentent 30% du cheptel des trois pays réunis. Cependant, la raréfaction des ressources (eau, fourrage) et des espaces pastoraux, conjuguée à̀ l’accroissement des terres à vocation agricole et la pression foncière, sont des facteurs de perturbation des couloirs de transhumance et de convoyage, aggravés par le climat d’insécurité́. Par conséquent, la vulnérabilité́ des populations agro-pastorales est accrue et les tensions relatives aux intérêts stratégiques des agriculteurs et des éleveurs sont accentuées. 

Stratégie de mise en œuvre

Élaboré de manière participative, ce programme sera mis en œuvre par un consortium (SNV, RBM, APESS, ROPPA, Hub Rural et CARE), qui capitalise d’importantes expériences individuelles et collaboratives, en matière de gestion de programme complexe, de facilitation de dialogue politique et d’influence, de changement organisationnel et de soutien à la viabilité économique et sociale des populations agro-pastorales dans un contexte fragile.