La gestion du phénomène au niveau des Producteurs et de leur organisation
Les producteurs et les membres des organisations paysannes ont développé des stratégies, pour survivre et augmenter leurs revenus face au changement climatique à travers:
- La diversification de la production agricole
- Choix raisonné des spéculations
- Utilisation généralisée de semences paysannes adaptées aux aléas climatiques (variétés précoces, tel le niébé)
- Semis directs (zaï) plutôt que les labours qui favorisent l’érosion
- Des pratiques agro écologiques
- jachères améliorées,
- Recours à la fumure organique (compostage, contrats de fumure, stabulation, etc.)
- Associations culturales
- L’intégration sur une même exploitation de l’agriculture et de l’élevage
- La restauration des ressources naturelles
- La Régénération du couvert végétal
- Techniques de préservation des sols
- Techniques de conservation des eaux
- La Restauration Naturelle Assistée (RNA)
- Quelques techniques traditionnelles adaptées aux terrains, et surtout, qui ont fait leurs preuves sont également expérimentés par les producteurs :
- Lutte Contre L’érosion Eolienne
Au sahel des barrières végétales pour protéger le sol du vent sont utilisées : des haies brise-vent autour des champs, du clayonnage sur les dunes. Lorsqu’ils ne se servent pas de branchages, ils choisissent les plantes en fonction de leur résistance aux conditions d’extrême sévérité de climat et de sol (faible pluviométrie, vents violents et desséchants) et de leur intérêt économique.
Les hommes et femmes du Sahel aménagent des obstacles pour réduire la vitesse de ruissellement de l’eau de pluie. Cela limite le ravinement tout en favorisant l’infiltration vers les nappes phréatiques. Selon les pratiques locales et les types de terrain, ces « ralentisseurs » peuvent prendre la forme de cordons pierreux, de diguettes en terre ou de bandes enherbées. Une parcelle boisée peut aussi être implantée en amont de la zone traitée pour faciliter l’infiltration et pour éviter de nouveaux creusements de ravines. Pour favoriser la pousse des plantes, les villageois usent par ailleurs le paillage (étalage de paille sur le champ) et l’agriculture sans labour.
La Réhabilitation Des Terres
Elle se pratique là où les techniques précédentes ne suffisent plus. La plus connue s’appelle le zaï. Cette méthode traditionnelle du Burkina, consiste à creuser un trou qui recevra l’eau de pluie, du fumier puis des graines de mil. Sur un terrain en pente, les villageois mettent en place des demi-lunes. Ce sont des murets en forme d’arc de cercle placés en quinconce. Leur but est de capter les ruissellements d’eau pour alimenter un arbre planté au milieu et faciliter l’infiltration vers les nappes phréatiques.
Le Reboisement
Pour lutter contre le déboisement, les Sahéliens créent des réserves forestières à proximité des habitations. Tous les plants sont produits dans des pépinières villageoises. Ces ceintures vertes se composent surtout d’espèces présentant un intérêt économique : bois d’œuvre, gommier, espèces fruitières ou à intérêt médicinal. Les variétés difficiles à cultiver, qui s’installent spontanément dans les aires de culture ou de parcours, bénéficient par ailleurs d’une protection (contrôle des feux de brousse et des prédateurs.). Pour limiter leur consommation en bois, les femmes utilisent la technique du foyer amélioré. Elles économisent ainsi jusqu’à 20 % du bois de chauffe.
Le rôle de la CPF à travers l’influence des politiques agricoles pour une adaptation au changement climatique
La Confédération Paysanne du Faso a réalisé plusieurs activités d’information/sensibilisation de ses membres sur les changements climatiques et leurs impacts sur les activités des producteurs. Il s’agit des séances de sensibilisations au niveau des CRCOP, des conférences de presses publiques à l’Université de Ouagadougou et à Fada et une capitalisation des bonnes pratiques des OP en matière d’adaptation aux changements climatiques, l’organisation d’une journée médiatique à Kaya sur les changements climatiques lors de laquelle, une déclaration a été remise aux autorités pour la délégation du Burkina devant se rendre à Durban.
A l’issue de ces activités, elle a formulé une série de recommandations qu’elle a déjà publiées à plusieurs occasions :
- Premièrement, la CPF appelle les pouvoirs publics à prendre systématiquement en compte les changements climatiques et leurs effets dans l’élaboration des politiques et stratégies tant globales que sectorielles de développement ;
- Deuxièmement, la CPF recommande aux Etats, aux groupes d’Etats et aux Institutions Internationales d’impliquer activement les organisations paysannes, la société civile, les femmes et les jeunes dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et stratégies d’adaptation aux plans local, nationale, sous-régional, continental et international
- Troisièmement la CPF souhaite que les décideurs des Etats à économie agricole comme le Burkina, mettent un accent particulier sur les secteurs les plus touchés par les changements climatiques. Ces secteurs sont : l’agriculture, l’élevage, l’hydraulique, l’environnement et la biodiversité ;
- Quatrièmement, la CPF souhaite attirer l’attention des institutions financières (Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, Banque Ouest Africaine de Développement) et celles du système des nations unies (PNUD, PNUE et Conférence cadre sur les changements climatiques), l’Union Africaine, l’UEMOA et la CEDEAO à mobiliser et à décaisser efficacement plus de fonds dans le sens d’accompagner les actions d’adaptation et d’atténuation du phénomène ;
- Cinquièmement, la CPF appelle de vive voix, les Etats, les organisations sous régionales et régionales, les organisations internationales, à soutenir les organisations paysannes, la société civile et les communautés à développer systématiquement des chaînes de solidarités en faveur des personnes victimes actuelles et éventuelles de catastrophe liées aux changements climatiques.
Préoccupations des producteurs recueillies lors des tournées de la CPF au niveau des CRCOP:
- Doter l’aliment à bétail aux éleveurs comme la semence améliorée est dotées aux producteurs végétaux ;
- Doter les producteurs en engrais chimiques pour accroître la production ;
- Doter les producteurs en semence améliorée en temps opportun pour éviter son utilisation à d’autres fins, par une utilisation du mécanisme de l’UNPC-B ;
- Instaurer un mécanisme de distribution des semences améliorées aux maraîcher-culteurs ;
- Faciliter l’accès aux semences certifiées par une mise en place de boutiques au niveau des régions ;
- Former et recycler les producteurs sur les nouvelles techniques culturales ;
- Subventionner le matériel de production ;
- Appuyer l’élaboration des politiques visant la préservation des ressources forestières et de l’environnement ;
- Rendre disponible les informations fiables de la météo pour soutenir les producteurs et les aider à anticiper les effets des CC ;
- Appliquer strictement les textes relatifs à la transhumance et à la divagation des animaux ;
- Faire respecter par tous les acteurs, les textes (loi, décrets et normes) relatifs à la production et à la distribution des semences améliorées ;
- Promouvoir des politiques d’association de l’agriculture et de l’élevage pour mieux lutter contre les Changements Climatiques ;
- Revoir la stratégie actuelle de distribution des semences améliorées en ciblant les producteurs les plus vulnérables ;
- Promouvoir l’accès équitable aux facteurs de production : crédit, terre, équipements ;
- Mener les actions de reboisements sur des superficies maîtrisées et prendre des dispositions pour entretenir les plants après les reboisements ;
- Appuyer les OP à pratiquer des reboisements ciblés sur des superficies maîtrisées ;
- Réaliser des ouvrages hydro-agricoles pour permettre la culture de contre-saison;
- Mettre en place des dépôts vétérinaires dans toutes les communes ;
- Accompagner les éleveurs à promouvoir les techniques de stabulation des animaux et à intensifier la production animale ;
- Promouvoir l’accès des producteurs aux crédits agricoles ((allègement des modalités, baisse du taux,..) ;
- Soutenir les activités génératrices de revenus des femmes ;
- Promouvoir le biogaz (le problème de bois est aussi crucial que celui de la nourriture) ;
- Financer les actions d’adaptation aux changements climatiques ;
- Accompagner les producteurs avec du matériel de productions : motoculteurs, semoirs ;
- Impliquer la CPF dans la distribution des intrants subventionnés par l’état pour éviter la commercialisation de ces intrants qui n’arrivent pas aux vrais destinataires ;
- Augmenter la quantité des intrants subventionnés qui est présentement très insuffisante ;
- Doter gratuitement les couches vulnérables en intrants subventionnés par l’état ;
- Faciliter l’accès des femmes aux facteurs de production ;
- Animer des émissions radio au niveau des CRCOP sur les changements climatiques.