L’agroécologie, une réponse aux défis agricoles

Les systèmes alimentaires dominants actuels, industrialisés et mondialisés présentent de nombreux impacts négatifs sur la santé des populations, les écosystèmes et les moyens d’existence des communautés. Le changement climatique, qui affecte le sahel du fait des précipitations irrégulières, des inondations extrêmes, des vents violents et une hausse des températures, expose les populations à des crises alimentaires récurrentes. Face à ces nombreuses contraintes et aux grands défis globaux en matière de développement économique, social et environnemental, reflétés dans les Objectifs de Développement Durable(ODD) et dans la vision de garantir le droit des citoyens à l’alimentation, l’agroécologie apparaît comme une des réponses les plus pertinentes. Elle pourrait permettre une amélioration des performances des systèmes agricoles et alimentaires, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’environnement, le climat, l’emploi, la résilience et l’adaptation des populations rurales vulnérables aux effets du changement climatique. Ce mode de production propose des voies de transition vers des systèmes alimentaires durables.

Afin de garantir durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle au sein des ménages de ses unions et fédérations membres, la CPF s’est fixée comme défis prioritaire, la modernisation de l’exploitation agricole familiale comme une alternative au modèle de production d’agriculture industrielle. D’où sa vision fondée sur «Une agriculture familiale durable, productive, compétitive, garantissant l’accès à la terre, la sécurisation foncière pour toutes les catégories de producteurs et assurant la sécurité et la souveraineté alimentaire». Pour ce faire, la CPF s’est dotée d’un plan stratégique dont l’objectif global est d’améliorer les conditions de vie des producteurs par la prise en compte de l’agriculture familiale comme modèle de production assurant la sécurité et la souveraineté alimentaire au Burkina Faso.
A travers son objectif spécifique numéro 1 qui est de faire de l’agriculture familiale, une orientation majeure des politiques publiques agricoles pour servir de tremplin à la souveraineté alimentaire, la CPF promeut une agriculture résiliente et intelligente face au climat en faisant de l’agroécologie un levier majeur de la production agro-sylvo-pastorale.

L’agroécologie au cœur des actions de la CPF

La CPF a entrepris plusieurs actions de promotion de l’agroécologie à travers la mise en œuvre de projets et programmes financés par ses partenaires. Elle mène également des actions de plaidoyer pour la prise en compte de l’agroécologie dans les politiques de développement.

Parmi ses initiatives et actions en cours, on peut citer :

Le projet d’intensification et la vulgarisation des pratiques agroécologiques (PIVA/BF) dans les régions du centre Ouest et du Plateau Central

Ce projet est mis en œuvre par la CPF en partenariat avec WHH, le Ministère en charge de l’agriculture et des ressources animales, le Ministère de l’environnement. Il est financé par BMZ pour une durée de trois (03) ans.
L’objectif global de ce projet est de contribuer à améliorer durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages de petits exploitants dans les zones d’intervention du projet par l'application efficace de pratiques agroécologiques.
L’approche du PIVA/BF est basée sur l'élaboration de références techniques, la formation et le suivi technique des différentes organisations paysannes de la zone d’intervention du projet. Les organisations paysannes locales assurent la mise en place de champs de démonstration pour les techniques promues ainsi que le suivi régulier des actions au sein des communautés bénéficiaires.
Les principaux résultats attendus de la mise en œuvre du PIVA/BF sont les suivants :

  • Résultat 1 : Un réseau d'acteurs dans le domaine de l'agroécologie est opérationnel et fonctionnel, utilisant les expériences agroécologiques, y compris les meilleures techniques de diffusion de ses membres ;
  • Résultat 2 : Les organisations locales sélectionnées ont élaboré des plans stratégiques qui garantissent l'adoption de pratiques agroécologiques au niveau communautaire ;
  • Résultat 3 : Les connaissances agroécologiques, les capacités et la production agricole des ménages de petits exploitants, des centres de formation et des écoles sont renforcées ;
  • Résultat 4 : La CPF est renforcée dans ses capacités programmatiques, administratives et financières.

Le Programme d’Amélioration des Moyens d’Existence Durables (PAMED) dans les régions du Centre-Ouest et de la Boucle du Mouhoun

Le PAMED est une initiative du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), mis en œuvre par des parties responsables dont la CPF. Prévu pour une durée de 5 ans (2020-2024), le projet a 3 composantes. La première composante est en lien avec la gestion durable des ressources naturelles et la résilience des ménages agrosylvopastoraux, la deuxième composante concerne la valorisation des produits agrosylvopastoraux et la troisième composante porte sur l’amélioration de la gouvernance des ressources naturelles.
L’objectif du projet est de contribuer à améliorer les moyens d’existence durables des ménages agro-sylvo-pastoraux dans les régions de la Boucle du Mouhoun et du Centre Ouest.

L’approche du programme est basée sur les écosystèmes tenant compte du fait que le phénomène de dégradation des terres a comme substrat, une pauvreté ambiante dans le milieu rural soutenue par un faible encadrement et des pratiques d’exploitation en grandes majorités incompatibles avec les contextes pédoclimatiques. Elle s’appuie ainsi sur l’approche’ « apprendre en faisant » ou « apprendre sur l’exemple » basée sur les structures locales des exploitants (es), en valorisant au mieux leurs circuits et modèles d’apprentissages (leaders de références) tout en intégrant profondément les ménages vulnérables / marginalisés.

Les principaux résultats attendus sont : - (i) Les ressources naturelles sont durablement restaurées et gérées en vue de contribuer à la sécurité alimentaire et à l'atteinte des cibles de CDN ; - (ii) Les capacités de production, de transformation et de conservation des ressources naturelles des acteurs (rices) ruraux (ales) sont accrues ; - (iii) Les acteurs (rices) mettent en œuvre une gouvernance efficace et durable des Ressources Naturelles.

La collaboration avec la Confédération Paysanne du Faso (CPF) dans la mise en œuvre du PAMED vise à valoriser son expertise dans la cohésion sociale, l’équité et de l’égalité entre homme et femme d’une part et dans la diffusion des fermes agroécologiques et des jardins nutritifs au bénéfice des exploitants ruraux, notamment les femmes et les jeunes d’autre part.

Les principales actions sont entre autres :

  • Veiller à la prise en compte des détenteurs de droits fonciers comme bénéficiaires des fermes d’apprentissage à la fois dans l’optique d’accroitre leurs moyens d’existence, favoriser leur implication dans la diffusion horizontale de la technologie mais aussi favoriser leur adhésion/ acceptabilité sur la nécessité d’une sécurisation des investissements ;
  • Assurer l’élaboration consensuelle d’outils communautaires de gestion des fermes et des équipements communautaires (règlement intérieur, charte du fermier, cahier de charges, etc.) et travailler à leur appropriation par les bénéficiaires ;
  • Former les responsables de coopératives porteuses de changements transformationnel en matière de leadership et de gestion de changements ;
  • Jouer un rôle de veille et de suivi de proximité dans la mise en œuvre des engagements des autorités municipales à soutenir l’ancrage et la durabilité de la dynamique de production agroécologique ;
  • Assurer une bonne campagne de communication et de plaidoyer à l’endroit de groupes spécifiques, auprès des détenteurs de droits fonciers et leaders communautaires sur les avantages de la sécurisation des investissements de productivité agricole notamment chez les jeunes et les femmes.

Programme conjoint Sahel en réponse aux Défis COVID-19, Conflits et Changements climatiques (SD3C-G5 Sahel)

Le programme SD3C est mis en œuvre avec le concours du G5 Sahel, de ses cinq États membres et du Sénégal. Il a été mis au point par les trois organismes des Nations Unies que sont, la FAO, le FIDA et le PAM. Les partenaires de mise en œuvre de ce projet sont les Organisations paysannes régionales notamment Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA), représenté au Burkina par la CPF, l’Association pour la promotion de l'élevage au Sahel et en Savane (APESS) et le Réseau Billital Maroobé (RBM).

Le programme a pour objectif de consolider les moyens d’existence des petits producteurs, en particulier les femmes et les jeunes vivant en zones transfrontalières. Au Burkina, le projet intervient dans les régions de la Boucle du Mouhoun, le Nord et le Sahel. Avec une contribution attendue à la réduction de la pauvreté de l’ordre de 10% dans sa zone d’intervention, le programme dynamisera les espaces socioéconomiques et marchands en proie à l’insécurité, la variabilité et aux impacts climatiques qui fragilisent la résilience des petits producteurs. Il contribuera à lever les contraintes qui exacerbent les conflits liés à l’effet anthropique sur les ressources naturelles et les difficultés d’accès aux ressources productives.

Deux approches sont utilisées dans le cadre de ce programme :

  • une logique horizontale de portée et d’impact régional garantissant l’alignement et la cohérence dans la mise en œuvre au niveau des pays. Elle repose sur la construction, le partage et l’appropriation des approches, méthodes d’actions communes, et sur la mise en œuvre des stratégies régionales du G5 Sahel sous la coordination de son secrétariat exécutif assurant la maîtrise d’ouvrage régional ;
  • une logique verticale qui concrétise dans chaque pays l’objectif du programme en articulant les priorités d’investissement nationales aux orientations régionales du G5 Sahel en lien avec la résilience et le développement économique dans les espaces transfrontaliers, dans un contexte de changement climatique et d’insécurité.

Projet Utilisation synergique et protection des ressources naturelles pour les habitants ruraux par l'intégration systématique des cultures, des élevages et du bois dans le Sahel (SustainSAHEL)

Ce projet est financé par l’union européenne et mis en œuvre dans trois pays (Burkina Faso, Mali et Sénégal) par un consortium multipartite composé de 18 partenaires, dont neuf instituts de recherche nationaux et internationaux, trois universités, trois fédérations d'agriculteurs, un forum africain continental pour les services de conseil et deux Petites et moyennes entreprises de communication. Au Burkina, les partenaires de mise en œuvre du projet sont la CPF, l’Université Nazi Boni et l’INERA. La zone d’intervention concerne les sites de Saria dans le Boulkiemdé et Yilou dans le Bam.

Le projet, d'une durée de cinq ans, est conçu pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies (ODD 2, 13 et 15) en développant et en soutenant la mise en œuvre de pratiques visant à améliorer la capacité de captage et de rétention de l'eau dans le sol et la teneur en matière organique, à accroître la productivité grâce à une intégration optimisée des cultures, des arbustes et du bétail (CSL) et à atténuer les effets du changement climatique. Grâce au développement des capacités et des partenariats, à la mise en réseau et à une approche multi-acteurs améliorant les conditions d'innovation, SustainSahel contribuera également aux ODD 1, 5, 16 et 17.

SustainSahel a pour objectif d’améliorer la résilience et le potentiel d'intensification des systèmes de production agricole des petites exploitations face aux changements climatiques grâce à des innovations évolutives sur l'intégration des Cultures, Arbustes, Bétail (CAB) dans la région du Centre-Ouest.


L'approche du projet s'inscrit dans les thèmes de l'agroécologie, de l'agriculture biologique et des éléments de l'agriculture de conservation, basée sur l'intégration cultures, arbres et Bétail à travers des plateformes d’innovations.

Les principaux résultats attendus de la mise en œuvre du projet sont :

  • Résultat 1: des systèmes CAB sont développés avec des réseaux d'innovation impliquant des agriculteurs, des acteurs des chaînes de valeur (céréales, légumineuses, lait, viande, coton, fruits et autres), des services de vulgarisation et des chercheurs à différentes échelles afin d'améliorer le potentiel de production agricole et les revenus des agriculteurs par le renforcement des capacités (WP2),
  • Résultat 2: l'adoption et la performance de durabilité au niveau des exploitations des stratégies d'intensification existantes sont évaluées,
  • Résultat 3 : les espèces d'arbustes/arbres sont sélectionnées et testées ;
  • Résultat 4 : la nutrition, la productivité et la santé du bétail en facilitant l'augmentation de la diversité et de la biomasse des arbustes et des cultures sont améliorées.

Projet « Innovations agroécologiques à partir des savoirs endogènes pour le développement de la chaine de valeur oignon au Burkina Faso (FO-RI) »

Le projet sera mis en œuvre de façon participative par la CPF, l’Union nationale des producteurs d’oignon du Burkina (UNAPOB) et les structures de recherche (INERA, IRSAT) avec l’appui technique d’Afdi. La mise en œuvre opérationnelle est assurée par l’UNAPOB à travers ses coopératives à la base dans les quatre (04) provinces. L’UNAPOB assurera le développement et la consolidation des techniques/technologies et l’appui conseil à ses membres. Le projet est mis en œuvre les régions du Nord, du Plateau Central et du Centre-Nord.
L’Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) et Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT) accompagnent les agriculteurs dans la co-conduite de la recherche action sur les innovations agroécologiques qui permettront une amélioration des systèmes de production, de stockage et de transformation (séchage). De plus, l’IRSAT apportera un appui scientifique dans le suivi de la qualité sanitaire de l’oignon, le suivi des paramètres technologiques et la transformation.
Afdi est l’agri-agence partenaire de la CPF. Elle s’engage spécifiquement dans la mobilisation d’expertises et de compétences en France sur l’animation de réseaux de recherche-action, recherche- développement, notamment pour bénéficier leurs de expériences de coproduction de savoirs et de collaboration avec la recherche.

L’objectif principal de l’action est d’améliorer les revenus des acteurs de la chaine de valeur oignon à travers l’adoption de pratiques agroécologiques et la facilitation de l’accès au marché des organisations paysannes. De façon spécifique, il s’agit de (i) codévelopper des innovations agroécologiques pour des systèmes de production de l’oignon résilients et (ii) faciliter l’accès au marché des organisations paysannes de la filière oignon.

Deux principaux résultats sont attendus :

  • Des pratiques agroécologiques améliorant la production et la conservation de l’oignon sont expérimentées et développées à partir des pratiques paysannes existantes puis diffusées,
  • L’accès au marché des organisations paysannes de la filière oignon basé sur le warrantage et la vente groupée, est facilité.

Le projet, mis en œuvre sur la période 2022-2025, permettra de promouvoir une double innovation sur la filière oignon à savoir (i) la gestion groupée du stockage et de la commercialisation adossée au warrantage (techniques agroécologiques et innovation sociale) et (ii) le développement des pratiques agroécologiques avec un focus sur la production et l’utilisation de biopesticides et de biofertilisants produits à partir des pratiques paysannes améliorées. L’action permettra d’introduire des pratiques nouvelles à savoir (i) le développement de techniques et technologies agroécologiques éprouvées avec l’appui des structures de recherche, (ii) la production et l’utilisation des biopesticides et des biofertilisants produits localement à partir des pratiques paysannes, (iii) la promotion de la contractualisation et des ventes groupées à travers le warrantage communautaire et (iv) l’évaluation et la consolidation des pratiques agroécologiques de production et de conservation.

La CPF, partie prenante des initiatives agroécologiques

La CPF est membre des réseaux nationaux et internationaux œuvrant dans le domaine de la gestion durable des terres, le changement climatique et l’agroécologie. En effet la CPF est membres de :

  • la coalition nationale de gestion durable des terres (CNGDT) qui a été mise en place le 21 janvier 2022 et qui regroupe cinq (05) acteurs clés du monde rural assurant chacun, un rôle spécifique. La CPF est responsable du volet plaidoyer en matière de gestion durable des terres ;
  • le comité technique de suivi dans l’élaboration, la validation et l’adoption de la stratégie nationale de l’agroécologie ;
  • le comité technique de rédaction de la charte des acteurs agroécologiques du Burkina ;
  • l’alliance en agroécologie pour l’Afrique de l’ouest (3AO) pilotée par la ROPPA.