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Situation alimentaire au Burkina : La Confédération paysanne du Faso tire la sonnette d’alarme

La Confédération paysanne du Faso (CPF) a tenu un point de presse, le vendredi 18 février 2022, pour alerter l’opinion publique sur la situation alimentaire au Burkina Faso. 
Depuis l’année 2016, la CPF s’est dotée d’un observatoire des exploitations familiales agricoles qui lui permet de faire le suivi de l’évolution de la campagne agricole, la situation alimentaire et la veille sur les politiques sectorielles agricoles. Ce suivi génère des informations et des connaissances paysannes sur les exploitations familiales, leurs organisations et les économies locales dans le but de contribuer à la formulation, à la mise en œuvre et au suivi des politiques, stratégies et programmes de développement agricoles.
Les résultats de l’observation des exploitations familiales agricoles montrent que la campagne agro-sylvo-pastorale 2021/2022 a été mauvaise sur l’ensemble du territoire et alarmante dans certaines localités. Ce qui présage une situation alimentaire et nutritionnelle très difficile pour la population burkinabè. 
En effet, ces résultats sont d’autant plus inquiétants pour les exploitants familiaux quant à leurs capacités à couvrir leurs besoins alimentaires durant l’année de consommation 2022. C’est pourquoi, la CPF dans son rôle de défense des intérêts matériels et moraux des producteurs et productrices se doit d’interpeler avec insistance à travers la tenue de cette conférence de presse afin de partager sa lecture paysanne sur la campagne et la situation alimentaire. Cette conférence est aussi un cadre de proposition des mesures idoines et urgentes à l’endroit des décideurs. De ce fait, 12% des Burkinabè seront confrontés à une crise alimentaire, si des mesures adéquates ne sont pas prises urgemment.
Soucieuse de cette de cette situation la CPF, tiré la sonnette d’alarme au cours de conférence presse animée ce vendredi 18 février 2022..
« Dans leur majorité, soit plus de 60%, les producteurs ont estimé que la campagne agro-sylvo-pastorale a été très mauvaise. 80% des exploitants agricoles ont apprécié très négativement les résultats de la campagne. Près de 2,7 millions de personnes pourraient avoir besoin d’une assistance alimentaire d’ici le mois d’août 2022, soit 12% de la population globale », a déclaré Bassiaka Dao, le président de la Confédération paysanne du Faso lors de ce point de presse.
Et pour expliquer ce sombre tableau, les raisons ne manquent pas. Selon la CPF, les producteurs ont d’abord été confrontés à de longues poches de sécheresse et à la baisse de la pluviométrie dans la plupart des régions du pays. Ensuite, le contexte sécuritaire délétère a réduit de manière drastique une bonne partie des terres qui n’ont pas été exploitées à cause du départ forcé des habitants de leurs localités. La situation sanitaire qui n’est pas en reste avec la pandémie de Covid-19 a impacté négativement les activités de production et les échanges commerciaux.
Pour éviter le pire, la CPF propose des pistes de solutions. Elle recommande de « prendre des mesures immédiates pour le renforcement du stock de sécurité alimentaire et d’intervention, la fourniture de vivres aux ménages vulnérables et aux agriculteurs déficitaires, la mise en place de certaines mesures pour se détacher de la pluviométrie capricieuse, la sécurisation de l’ensemble du territoire, la normalisation de la crise foncière, le retour des déplacés internes dans leurs localités, etc. ».
Dans son rôle de défense des intérêts matériels et moraux des producteurs et productrices, la CPF a invité le nouveau régime à accompagner les femmes dans leurs productions, car « la femme rurale contribue fortement à l’épanouissement de la famille », a déclaré Lydie Tapsoba, la représentante du collège des femmes.
Pour permettre au Burkina Faso de sortir de l’ornière, la CPF se dit prête à accompagner les autorités dans la mise en œuvre de politiques ingénieuses et de stratégies nouvelles adaptées aux réalités du terrain.